• Ceci étant mon premier article parlant bouquin, je vous présente rapidement comme va se dérouler mon blablatage:
    I Présentation succinte de l'auteur
    II Retranscription de la dernière de couverture
    III Ressenti, analyse personnelle
    IV Classement, recommandations

    Aujourd'hui nous ferons exotique. Loin de la littérature française classique, nous embarquons pour le Japon et les sushis.

    I Monsieur Haruki Murakami

    Voici la bio livrée dans le livre: " Né à Tokyo en 1949, HM est le traducteur japonais de Scott Fitzgerald, Raymond Carver et John Irving. Ne supportant pas le conformisme de la société japonaise, il s'est expatrié en Grèce, en Italie, puis aux Etats-Unis. En 1995, après le tremblement de terre de Kobe et l'attentat du métro de Tokyo, il a décidé de rentrer au Japon. HM a rencontré le succès dès la parution de son premier roman Ecoute Le Chant Du Vent (1979), qui lui a valu le prix Gunzo. Suivront notamment Chroniques De L'Oiseau à Ressort, Au Sud de la Frontière, A l'ouest du Soleil, Les amants du Spoutnik, Kafka sur le Rivage et le Passage de la nuit. Plusieurs fois favori pour le prix Nobel de littérature, HM est aujourd'hui un auteur culte au Japon et son oeuvre est traduite dans plus de trente pays."

    Vous aurez donc compris que Monsieur Haruki Murakami n'est pas le premier pecnot venu, vous ne pouvez pas dire que je vous arnaque sur la qualité hein.

    II Résumé


    " Kafka Tamura, quinze ans, s'enfuit de sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. De l'autre côté de l'archipel, Nakata, un vieil homme amnésique décide lui aussi de prendre la route. Leurs deux destinées s'entremêlent pour devenir le miroir l'une de l'autre tandis que, sur leur chemin, la réalité bruisse d'un murmure enchanteur. Les forêts se peuplent de soldats échappés de la dernière guerre, les poissons tombent du ciel et les prostituées se mettent à lire Hegel. Conte initiatique du XXIème siècle, Kafka sur le Rivage nous plonge dans une odyssée moderne et onirique au coeur du Japon contemporain."

    Je vous épargnerais le commentaire littéraire de Miss Marie-Laure Delorme qui fait suite à ce résumé assez bien fait, qui vraisemblablement ne sait pas de quoi elle parle quand elle qualifie cette oeuvre de "cruel, beau, cru." [Je développerais un peu plus loin.]

    III C'était comment ?

    a/ La structure, le style.

    Là comme ça, je dirais bien jouissif, mais ce serait faire honte au langage poétique et délicat de Monsieur Murakami.
    Au premier abord, ce livre ne m'a pas fait envie. C'est ma professeur de français qui m'a conseillé ce livre quand j'étais en Troisième, et ce n'est que très récemment que je l'ai acheté, pour le lire un mois ou deux après. Moui j'ai mis du temps à avoir envie de lire ça: A la lecture de la dernière de couverture, l'idée de me taper 637 pages sur la fugue d'un gamin et un vieux sans passé, ça ne me tentait pas. C'était sans compter sur le talent incontestable de Murakami pour transformer une histoire somme toute assez basique (le conte initiatique c'est quand même vu et revu, même au XXIème siècle) en une sorte de rêve éveillé.
    La première chose qui frappe, à la lecture des premières pages, est ce style précis, simple (pas de fioritures dans la construction des phrases), extrêmement poétique et très fin. Ouais tout ça en même temps. C'est tellement frais, pêchu et envoûtant à lire que l'on aimerait apprendre le japonais pour savourer cette prose jusqu'à sa substantifique moelle (spéciale dédicass' à Rabelais).
    Les dialogues entre les personnages sont d'une justesse incroyable, dans beaucoup de livres, j'ai l'impression que les dialogues sonnent faux, comme une comédie mal jouée. Ici on ressent toute la retenue nippone dans le choix des mots justes, pour ne pas parler trop, mais parler bien, et c'est FANTASTIQUE !!! Pardon je m'emballe, mais on ne me verra pas souvent m'extasier comme ça sur la qualité d'écriture de quelqu'un.
    L'agencement de l'histoire est très bien pensée, on en sait le minimum afin de comprendre ce qui se passe sur le coup, mais ce n'est que bien plus tard que l'on arrive à percevoir toute la dimension de ce que l'on lit. Les différentes intrigues s'entremêlent à la perfection, au point que parfois on se demande où l'on est. Impression d'autant plus grande qu'il n'y a pas que le narrateur qui parle, mais aussi d'autres hum... Choses. Oui j'aimerais ne rien vous gâcher de cette trame qui vous suspend par les pieds à mille mètre du sol, et qui vous lâche brutalement, avant de vous rattraper à quelques centimètres de la mort.

    b/ L'histoire

    Ahhh cette histoire toute moche de gamin fugueur.... Figurez-vous qu'entre les mains de Murakami c'est totalement différent. D'abord le mélange de plusieurs intrigues de manière très fines laisse traîner un certains suspens, au point qu'on en oublierait de savourer le style de l'auteur pour dévorer les pages le plus vite possible et savoir ce qui peut bien arriver.
    Au départ nous sommes bien assis dans un récit qui semble tout à fait inscrit dans le réel, jusqu'au moment où certaines perturbations surviennent. Cependant, ceci est maîtrise et décris avec une telle subtilité qu'on ne tique pas... Ce n'est que quelques chapitres après, ou pendant le repas parce que vous avez du arrêter de lire, que soudain cette constatation s'explose contre l'intérieur de vôtre boite crânienne: " Mais merde il parle aux chats??? "
    C'est le grand art de Murakami, il est capable d'insérer quelque chose qui ressemblerait à un mauvais trip chez n'importe quel autre auteur, en une suite tout à fait logique, n'ayant pas besoin de se justifier. C'est là, et c'est sa place. C'est tout simplement magique, puisqu'ensuite ces intrusions oniriques vont se multiplier, toujours de manière très travaillées et propres, donnant une dimension nouvelle et insoupçonnable à cette histoire tristounette à première vue.
    Attention cependant à ne pas confondre, ce récit est loin de se classer parmi les oeuvres fantastiques, avec cette intrusion continue du fantastique dans le but de basculer totalement par la suite. Non ici nous sommes dans une autre dimension, un autre monde.
    L'univers de Murakami est beau, envoûtant, poétique, onirique, incroyable, mais il n'est pas cruel. Oui Miss Delorme, si les quelques passages un peu glauques du bouquins vous semblent cruels, c'est que vous n'avez jamais lu Zola ou Hugo. Parce qu'avec eux, entre Cosette et Jean Valjean qui subissent les destins et fins les plus tragiques qui soient, dans toute la cruauté que nôtre société est capable de produire, ou avec Germinal, La Bête Humaine, L'Assomoir (toute la série des Rougon-macquart en général) qui rassemble la souffance et les destins douloureux de toute une famille sur plusieurs générations, ça c'est de la cruauté, de l'injustice et vous fait monter les larmes aux yeux à chaque fin de volume, ou alors nous n'avons pas la même définition du terme cruel.

    IV Est-ce que je l'achète ?

    OUI ! Je recommande vivement ce livre à toute personne aimant la littérature avec du style et une intrigue formidablement bien construite, ainsi qu'à tous ceux qui aimerait regarder le Japon sous un autre angle.
    C'est sans hésiter que je le classe dans la catégorie Cult-ure. Il serait vraisemblablement bête de se priver d'une oeuvre aussi belle et troublante.
    Murakami est une exception du XXIème siècle, un des seuls a avoir un peu de prestige.


    4 commentaires
  • Avant d'entamer pour de bon cette catégorie, par remplissage obsessionnel et volonté de partage, j'aurai aimé expliquer pourquoi on ne verra pas ou peu d'auteurs contemporains ici.

    Depuis que je sais lire, j'ai lu. Beaucoup même. Surtout des auteurs classiques de Rabelais à Hugo, en passant par Voltaire, Camus ou Racine, dans tous les genres imaginables, de la SF au Roman Naturaliste, en passant par les pamphlets, la poèsie, le fantastique ou l'autobiographie, et ce, sur tous les thèmes possibles (actualités, histoire, amour, action, sexe, art, guerre...).
    Lorsque je lis, je juge la qualité du livre, comme un cinéphile regarde avec attention le dernier film sorti et en retire un avis ; et pour cela j'ai certains critères, assez précis que je vais évoquer.

    La forme:

    Le style de l'auteur, c'est sa manière d'écrire, de décrire, de faire d'une scène banale quelque chose de beau, qui évoque une image poétique au lecteur. C'est par le style que commence le partage, un peu comme un conteur choisi le ton et les mots employés pour chaque tableau. Hors de l'histoire en elle-même, le style doit être agréable, l'enchaînement de mot doit être intelligent, et si possible riche, complexe.
    J'abhorre les répétitions, la pauvreté de vocabulaire, et les phrases qui ne sont pas recherchées, parce que c'est laid. La littérature est belle, lorsque je lis un livre, j'espère lire un ouvrage beau, c'est-à-dire bien écrit. A défaut d'écrire aussi bien que les écrivains, j'attends d'eux une certaine qualité, un cachet, lié à leur fonction, puisque pour tous ceux dont c'est le métier, ils n'ont que ça a faire d'écrire, il est donc normal d'espérer de tout ce temps quelque chose de beau, ou bien fait.

    La forme est donc très importante pour moi et c'est mon premier baromètre de la qualité d'un bouquin. Si le style est mauvais, j'ai bien du mal à accrocher à l'histoire, fusse-t-elle merveilleuse et bien ficelée.

    Maintenant passons aux écrivains contemporains. Ce que je leur reproche le plus, est leur style pauvre, fade et très plat. De temps en temps il y en a un qui sort du lot, mais très peu par rapport à toute cette masse de gens se prétendant écrivain, alors que leur constructions syntaxiques, et grammaticales sont parfois dignes d'élèves de CM2.
    Lorsque dans le rayon livre je traîne, je feuillette toujours quelques livres qui me semble intéressants, et combien de fois en suis-je ressortie étonnée, voire outrée, par tant de pauvreté ? Les phrases s'enchaînent comme on les a appris étant petit: Sujet, verbe, complément. Et ainsi de suite à chaque phrase pendant 250 pages, ou presque, sans parler du vocabulaire minimaliste employé. Lire une page ou deux au hasard ne sert pas à savoir si l'histoire est bonne, mais surtout si il y a un peu de matière derrière, or on ne trouve souvent rien, un désert intellectuel qui me donne des palpitations, quand j'en viens à repenser à Flaubert qui, en son temps, passait une semaine à travailler la tournure d'une phrase, soit quelques mots sur les milliers qui lui restait encore à écrire.
    Une chose est très à la mode, le recyclage vers l'industrie littéraire. N'importe qui, faisant n'importe quel métier avant et étant connu, peut sortir un livre. Alors qu'ils aient une liberté d'expression c'est très bien et ne doit pas être remis en cause, mais qu'ils ne se proclament pas écrivains avec des torchons pareils, c'est faire honte à tous ceux qui ont un minimum de talent et ont fait de la littérature ce qu'elle est: Un Art.

    Le fond:


    Le fond regroupe pour moi, l'histoire, chose essentielle puisque sans elle des milliers d'oeuvres n'auraient jamais vu le jour ; l'intrigue, la manière dont est tournée l'histoire, est-ce que la fin se devine ? Est-ce que les personnages sont intéressants ? Est-ce prenant tout simplement ? Puis l'interrogation. Un livre pose toujours des questions de fond, sous sa petite thématique un peu triviale parfois. J'ai besoin que ces trois aspects (histoire, intrigue, interrogation) soient correctement traités pour que le fond soit bon, et donc que le livre revêt un intérêt particulier si le style va avec. A cela j'ajoute en bonus ce que je nommerais : Le ciment. Pour ajouter du réalisme, du cachet, une authenticité, il faut un réseau social entre les personnages qui soit bien utilisé, des relations variées c'est-à-dire un chouilla de psychologie, et de la cohérence qui permette de lier le tout.
    Si tout ça est réalisé, nous ne sommes pas loin du très bon livre, à recommander à toute personne sachant lire et à placer dans sa bibliothèque privée.
    Pour ce qui est des essais, de la poèsie, du théâtre ou des livres techniques j'expliquerais au moment où j'en critiquerais un, ma méthode pour juger le fond, parce que les arguments que j'avance ci-dessus ne fonctionnent plus, ou alors ne sont pas suffisant pour se forger un avis.

    Ce que je reproche aux livres contemporains, c'est que l'on a quelque chose d'incomplet. Il y a très souvent l'histoire, intéressante, peu ordinaire, ou alors ordinaire mais très complexe, c'est-à-dire un très bon point, qui rachète souvent un style inexistant. Cependant, on peine un peu plus à trouver l'intrigue, ou alors elle est mal faite, on sent bien qu'il y a tentative, mais qui se solde bien souvent par un échec... Quant à l'interrogation et au ciment, c'est... Non en fait il n'y en a pas ou très rarement. Ce qui gâche tout, même avec un style qui tient la route, quand on creuse un peu, tout se casse joyeusement la gueule et c'en devient presque risible.
    Je ne parle bien sûr pas des torchons qui n'ont ni fond ni forme, même pas un bout d'histoire sympathique à lire, pour ceux-là il n'y a pas grand chose à en tirer, à par un bon cale-pied.


    J'espère que vous notez bien que, autant pour le fond que pour la forme, je me base sur une critique très, très générale des auteurs contemporains, je ne les mets pas tous dans le même sac, cependant je ne peux m'empêcher de voir toute une masse de livres inintéressants, avec parfois, criant à l'aide au milieu de tout ce foin, un petit bijou, à sertir et à incruster dans votre bibliothèque.

    Maintenant, sachant cela, vous comprendrez vite mon classement en quatre catégorie des bouquins qui me passent entre les mains:

    # Cult-ure.
    Oui encore un jeu de mot bancal sur un livre culte et son obligation d'entrer dans les grands noms de la culture. C'est le livre qui a tout, fond, forme, ciment et qui le mérite.

    # Deux doigts.
    Quand on est à deux doigts de la catégorie Cult-ure, sauf qu'il manque toujours quelque chose. C'est un bon livre, mais qui aurait pu être encore mieux. On vous le conseille quand même, puisqu'on est encore loin du torchon illisible.

    # Roman de gare.
    Tout livre à bonne histoire, sans plus. Parfois avec un peu d'intrigue, d'autres fois avec un peu d'interrogation, mais toujours sans style.

    # Cale-pied.
    Le livre qui n'a rien, on peut aussi bien l'utiliser comme brouillon lorsque l'on a plus de papier ou cale-pied si votre lit est boiteux.

    On remarquera que je n'ai pas de catégorie pour les livres avec un style très travaillé mais sans réelle histoire derrière, ces livres là sont très rares, car lorsqu'un auteur a assez de talent et d'intelligence pour écrire bien, il a aussi assez d'intelligence derrière pour créer une histoire qui revêt du sens. Dans les rares cas où l'on assiste à un échec, on ne peut que pleurer parce que l'auteur est passé à côté de quelque chose, et que donc le livre aurait pu être bon, et non pas médiocre, alors que l'écrivain a du travailler son style, contrairement à d'autres qui semblent s'en foutre comme de l'an quarante.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique